Benjamin Gaulon aka Recyclism est artiste, enseignant et producteur culturel. Dans chacune de ces activités, il s’attache à développer une approche créative et critique autour de la technologie, des médias et des modes de consommation qu’ils génèrent.
Ses recherches portent sur les limites et les échecs des technologies de l’information et de la communication tels que : l’obsolescence programmée, le consumérisme et la société à usage unique, la propriété et la vie privée. Pour ce faire, il utilise le détournement, le piratage et le « recyclage ». Ses projets peuvent être des logiciels, des installations, du matériel informatique, des projets basés sur le Web, des œuvres interactives, ou des interventions dans les arts de la rue.
Depuis 2005, il donne des conférences et anime des ateliers en Europe et aux Etats-Unis sur les déchets électroniques et le piratage informatique/recyclage. Dans les « e-waste workshop » qu’il organise, le public s’initie au circuit bending, au hardware hacking, ainsi qu’aux problématiques liées à l’obsolescence programmée : on y détourne du matériel en apparence obsolète pour recomposer ainsi de nouveaux objets électroniques. L’expérimentation pédagogique, envisagée comme mode de recherche, vient compléter l’arsenal des tactiques de cet artiste.
Depuis 2018 il est directeur de NØ SCHOOL NEVERS un symposium international qui explore l’impact social et environnemental des technologies de l’information et de la communication. Cette formation est assurée par des NØ TEACHERS venus du monde entier. Il est également le co-fondateur du « The Internet of Dead Things Institute » (IoDT), avec Jérôme Saint-Clair (aka 01010101):
Dans un contexte de nécessaire décroissance, amplifié par la crise sanitaire actuelle et ses répercussions sur l’économie mondiale, IoDT se saisit des codes de communication des startups pour mieux en prendre le contrepied. Sur fond de détournement et de transformation de technologies désuètes, IoDT offre un regard incontestablement décalé sur les discours prédominants du tout technologique, de l’innovation à tout prix et de l’entreprenariat roi.
Le but de cette stratégie est d’initier une prise de conscience auprès du grand public et un changement des mentalités afin d’introduire des réflexes en terme de recyclage et de détournement de matériel électronique, tout en inspirant d’autres initiatives.
Titre: ReFunct Media Modular
Date: Depuis 2015
Taille: Module 12 x 20 cm (longueur variable)
Matériaux: Obsolète Media
“La Raison technicienne croit savoir comment organiser au mieux les choses et les gens, assignant à chacun une place, un rôle, des produits à consommer. Mais l’homme ordinaire se soustrait en silence à cette conformation. Il invente le quotidien grâce aux arts de faire, ruses subtiles, tactiques de résistance par lesquelles il détourne les objets et les codes, se réapproprie l’espace et l’usage à sa façon. Tours et traverses, manières de faire des coups, astuces de chasseurs, mobilités, mises en récit et trouvailles de mots, mille pratiques inventives prouvent, à qui sait les voir, que la foule sans qualité n’est pas obéissante et passive, mais pratique l’écart dans l’usage des produits imposés, dans une liberté buissonnière par laquelle chacun tâche de vivre au mieux l’ordre social et la violence des choses.”
Refunct Media Modular est la prolongation de l’installation Refunct Media, avec cette fois, un focus tout particulier sur les débuts de la miniaturisation de l’électronique et les premiers appareils portables grand public, le tout, sur des supports : modules, conçus par Benjamin Gaulon, permettant de partager électricité et signaux analogiques.
Cette installation se présente comme une chaîne d’appareils électroniques portables «obsolètes » connectés les uns aux autres. Ces connexions sont ici envisagées comme des relations de types parasitisme, symbiotisme, mutualisme et commensalisme, aussi appelées circuit bending. Ainsi chaque élément de la chaîne affecte l’ensemble des appareils du dispositif. Chaque itération du projet consiste à créer une nouvelle boucle audio-visuelle, principe que l’artiste qualifie de hardware sampling.
Enfin ce projet vise à explorer les possibilités offertes par l’obsolescence programmée (ou communs négatifs) et de questionner notre relation avec ces technologies et leur modes de consommation.