Élise Gay et Kévin Donnot sont associés au sein d’un atelier de design graphique spécialisé dans les projets éditoriaux sur papier ou à l’écran. Ils envisagent la diversité des supports de façon perméable et intègrent au besoin des processus algorithmiques (génératifs, itératifs, aléatoires ou issus de jeux de données) à leurs productions imprimées. Ils sont cofondateurs de Back Office, une revue de recherche entre design graphique et pratiques numériques (Éditions B42). Kévin Donnot est également professeur d’enseignement artistique à l’EESAB – site de Rennes.
Alors que la chaîne graphique est aujourd’hui constituée d’applications monolithiques généralistes provenant toutes du même éditeur, leur démarche s’inscrit dans la recherche d’un rapport critique aux logiciels dits « de création ». Ils défendent une approche décloisonnée et mobilisent, au besoin, des langages de programmation et technologies variés (HTML, CSS, JavaScript, PHP, Processing, ExtendScript, SQL, Bash, Arduino, etc.). Chaque projet constitue alors l’occasion d’expérimenter de nouvelles « façons de faire » numériques en développant ou en associant des parties de programmes pour produire des formes singulières et dédiées à un contenu donné.
Mutations/Créations est un cycle de cinq expositions prospectives présentées au Centre Georges Pompidou depuis 2017 pour lequel Élise Gay et Kévin Donnot assurent la conception graphique des catalogues (Éditions HYX). Imprimer le monde (2017) explore la diversité des formes typographiques qui découlent du déplacement d’un outil virtuel suivant un même ductus (ExtendScript). Coder le monde (2018), intégralement généré à partir de langages Web, propose une lecture hypertextuelle et questionne la notion de code, à la fois comme programme vecteur d’instructions et comme encodage de données sémantiques (XML, PHP, CSS, JavaScript). La Fabrique du vivant (2019) donne à voir l’émergence de structures complexes à partir d’une simulation de comportements organiques simples (Processing) tandis que Neurones, les intelligences simulées (2020) mobilise des algorithmes de machine learning et d’analyse sémantique pour la synthèse automatique d’écritures manuscrites et d’annotation parallèles au contenu de l’ouvrage (C++, Bash).